Pour fêter les 3000 visiteurs de Romanceor.net, le site inaugure son blog avec un photoreportage orienté sur le projet Portraits et scènes urbaines. Ma couverture en une cinquantaine de clichés d’un évènement peu original mais toujours aussi émouvant est disponible dans son entièreté et sans commentaire sur la galerie (album 70). Cet article est illustré par une sélection de douze clichés.
Mise en situation :
« Les Feux de la colère » était une manifestation de « solidarité pour les révoltés incarcérés ». Très peu de manifestants (une centaine tout au plus) pour une foule d’hommes en bleus (le double au moins).
Mais la disproportion entre manifestants et CRS n’était pas la plus marquante : c’était surtout l’énorme foule du public, avide de photographies d’exactions de CRS, d’images fortes etc.. Mieux encore, ce public se solidarisait complètement contre les CRS. En effet, Barbès est un quartier où on ne les aime pas beaucoup.
Alors de voir tous ces gens qui passaient par hasard et qui prenaient quelques dizaines de minutes de leur temps pour observer le monde, ça m’a fait quelque chose, et j’ai voulu le rendre. Car oui, je rends toujours ce que je vole comme le spécifie la mention qui accompagne mon projet photographique : « Reconnaissez-vous sur une des photographies et un tirage vous en sera offert.«
Les évènements :
Suite à un feu de paille dans le métro, ce dernier a été obligé de fermer au bout d’une demi-heure car des gens commençaient à s’évanouir malgré l’ouverture de la station sur le ciel.
Dix minutes plus tard, les jets de bouteilles et pétards sur les hommes en bleu se sont soldés par une première charge des CRS, puis une deuxième, etc.. J’ai eu l’impression qu’ils étaient très mal organisés parce que c’était ridicule au possible : ils chargeaient à 20 ou 30 sur un groupe de quatre qui les avaient insultés, terrorisant au passage l’énorme public qui assistait à la scène mêlé aux manifestants.
Tout cela a révolté le public qui s’en donnait à cœur joie pour insulter les forces de l’ordre, leurs gamins sur les épaules ou le nez rouge au bec.
La flicaille a fini par craquer (ils ne devaient pas se sentir chez eux, les pauvres…) et a arrêté quelques dizaines de personnes (dont un ami à moi, les maladroits !).
La photographie de reportage :
Bref, j’étais là. Et j’ai tout vu. Avec mon appareil photo, personne ne m’a fait chier.
Comme c’est reposant tout de même, d’être supporté unanimement dans son activité artistique. On m’a même encouragé, et je ne me suis pas gêné pour m’approcher à portée de matraque des CRS qui avaient – bien entendu, et comme toujours – reçu des ordres formels de ne surtout pas commettre de gaffe sur un journaliste. Ils me regardaient méchamment, m’ont même insulté, mais ça ne faisait bien sûr qu’ajouter au cliché !
C’est la première fois que mes photos de manifestation dérivent tellement vers le reportage et c’est pourquoi j’ai posté ça dans les rubriques reportage de divers forums. Je suis d’ordinaire une ligne directrice qui se veut prônant une tendresse sans limite dans les relations citadines, notamment à travers le projet Portraits et scènes urbaines sus-cité.
Trêve de parlotte, voici un extrait de mes photos de samedi, dont vous pouvez voir l’intégralité de la série sur la galerie (album 70)