Ces derniers mois ont été pour moi une suite de voyages. A mon retour d’Amérique, ne faisant qu’une escale de cinq jours à Paris, je me suis envolé pour Ouaga, survolant le chemin que parcourut Maupassant à la fin du dix-neuvième. Il introduisit son récit comme suit :
Depuis mes jeunes ans d’un grand désir épris, j’étouffais à l’étroit dans ce vaste Paris ; une voix me parlait et me disait : — « C’est l’heure ; va, déracine-toi du seuil de ta demeure.
Il y disait encore :
On rêve toujours d’un pays préféré, l’un de la Suède, l’autre des Indes ; celui-ci de la Grèce et celui-là du Japon. Moi, je me sentais attiré vers l’Afrique par un impérieux besoin, par la nostalgie du désert ignoré.
L’impérieux besoin de Maupassant n’est pas un livre. Et ce n’est pas non plus une étude anthropologique. La nostalgie du désert ignoré, c’est la nostalgie anticipée de la saudade portugaise, c’est le spleen de Baudelaire et le départ de Rimbaud.
Et le désert ignoré, c’est Ouagadougou. Bien entendu.